KSA cigar

À la recherche du KSA cigar…

Par supercigare,
le 5 février 2019

Roi de Facebook, prince d’Instagram, un mystérieux cigare baptisé KSA règne en maître sur les réseaux sociaux. Photographié au quatre coins du monde par des amateurs, il est pourtant introuvable en boutique. Nous avons mené l’enquête.

 Par Laurent Mimouni

#ksacigar à New York, #ksacigar à Dubaï, #ksacigar à la plage ou à la montagne… Depuis plusieurs mois, de mystérieux modules font la joie de quelques internautes qui se précipitent sur les réseaux sociaux pour annoncer – et montrer – qu’ils ont réussi à s’en procurer. Les vitoles sont ornées de bagues rappelant le drapeau saoudien et portant les trois lettres KSA (pour « Kingdom of Saudi Arabia »), plus, parfois, deux énigmatiques lettres supplémentaires : PK.

Intrigué par une belle photo de ce cigare devant la Maison carrée de Nîmes, je tente une prise de contact sur Facebook. « Les cigares KSA sont des cigares “diplomatiques” roulés pour Khaled Al Saoud (PK = Prince Khaled), m’explique Pierre Jourdan, fondateur des Fines Lames, une marque d’accessoires pour cigares. Le seul moyen d’en obtenir, c’est de s’en faire offrir par le prince lui même. C’est ce qui m’est arrivé. Il m’en a offert dix. » L’Amateur de Cigare peut-il en racheter un pour le déguster ? « Impossible, répond notre interlocuteur, je respecte la volonté de Khaled, il indique clairement qu’ils sont donnés et pas à vendre. »

Le fait du prince

L’enquête se poursuit donc sur le compte Instagram personnel du prince @khaledalsaud. Et en effet, le profil est privé ; il affiche seulement l’une des bagues aux couleurs du drapeau saoudien et la phrase suivante : « KSA cigars are to enjoy, not for sale ! » (« Les cigares KSA sont faits pour être appréciés, pas pour être vendus »).

Je contacte donc Jérémy Casdagli, patron de la marque Bespoke. Cet excellent connaisseur du Moyen-Orient a commencé dans le monde du cigare en vendant des havanes à la famille royale saoudienne et il aura forcément des informations. Il me confirme qu’il s’agit de vitoles cubaines roulées par les plus grands torcedores de l’île. Beaucoup de rouleurs, notamment les plus réputés, fabriquent en effet leurs propres cigares qu’ils écoulent « sous les radars » du marché officiel. Généralement, ces customsc’est le nom que leur donnent les Anglo-Saxons – n’ont pas de bague, mais le prince saoudien a voulu marquer les siens de sa griffe pour pouvoir les offrir à ses amis ou à ses relations d’affaires. Évidemment, côté cubain, c’est le silence radio : ces cigares n’existent même pas puisqu’ils sont produits et commercialisés en dehors du circuit officiel…

Le prince Khaled, lui, brille par sa discrétion. Il faudrait même éviter de mentionner son nom, nous dit Jérémy Casdagli, et ne parler vaguement que d’un « amoureux du cigare ». Un amoureux du secret qui a tout de même réussi à faire de simples cigares du marché parallèle cubain des stars du Web.