La Tabacalera de Garcia qui emploie 2 000 salariés est-elle appelée à fermer en raison des sanctions américaines contre l’homme d’affaires cambodgien ?

 

La manufacture dominicaine Tabacalera de Garcia, plus grande fabrique du monde, ne peut plus vendre ses cigares aux Etats-Unis en raison des sanctions prises par les autorités américaines contre l’homme d’affaires cambodgien Chen Zhi accusé de cyber-fraudes massives, révèle le blog américain halfwheel dans une longue enquête.

A la suite de l’inculpation de Chen Zhi et du gel d’une partie de ses avoirs, Altadis USA, filiale américaine du groupe Tabacalera basé à Madrid, ne peut plus acheter les cigares provenant de la Tabacalera de Garcia ni de la manufacture Flor de Copán (Honduras), qui produisent la plupart des versions non cubaines de Montecristo, Romeo y Julieta, H. Upmann et Trinidad vendus aux États-Unis.

La vente des activités premium d’Imperial Brands en 2019-2020 à « un consortium d’investisseurs asiatiques » concernait non seulement 50 % de Habanos S.A mais aussi ces deux manufactures qui produisent au total plus de 55 millions de pièces par an, dont une part très importante est vendue aux Etats-Unis, premier marché mondial du cigare fait main.

La Tabacalera de Garcia, située à La Romana (sud de la Rép. dominicaine) fabrique notamment les versions américaines de Montecristo et Romeo y Julieta

La Tabacalera de Garcia revendique une production annuelle de 40 millions de cigares dont « 23 millions pour les Etats-Unis » détaillait l’an dernier son directeur général Ricardo Nieto dans L’Amateur (voir « Les 30 personnalités qui comptent », L’Amateur (hors-série), n° 167).  La manufacture Flor de Copán fabrique environ 15 millions de cigares par an, dont plus de 50 % sont commercialisés aux Etats-Unis (voir L’Amateur, n° 171), notamment sous la marque Henry Clay.

« Les importations de cigares d’Altadis USA en provenance de deux partenaires fabricants internationaux ont été affectées par les sanctions américaines imposées aux propriétaires de ces partenaires », déclare Javier Estades Saez, président de Tabacalera USA, maison-mère d’Altadis USA, interrogé par halfwheel. « Il est important de préciser qu’Altadis USA n’est elle-même soumise à aucune sanction, ajoute-t-il. Suite à l’imposition de ces sanctions, nous avons immédiatement suspendu toute activité avec ces partenaires, conformément à la législation américaine. »

 

« Blocage opérationnel »

« Afin d’assurer la continuité de nos activités, la production est transférée vers nos partenaires de fabrication historiques au sein de notre réseau, ajoute encore Javier Estades. Cette transition est déjà en cours et progresse rapidement. Par conséquent, et il est important de le préciser : nous n’anticipons aucun problème de stock pour nos marques en 2026. »

Lesdits « partenaires de fabrication historiques » ne sont pas cités, mais Altadis USA a régulièrement recours depuis plusieurs années à des fabricants extérieurs comme AJ Fernandez ou Plasencia Cigars, tous deux installés au Nicaragua.

Ricardo Nieto, directeur général de la Tabacalera de Garcia

« En raison du blocage opérationnel aux États-Unis, Tabacalera a été contrainte d’adapter temporairement son niveau d’activité et ses effectifs liés aux exportations vers Tabacalera USA, explique un porte-parole de Tabacalera interrogé par halfwheel. L’entreprise s’engage à tout mettre en œuvre pour minimiser cet impact et prendre les décisions opérationnelles nécessaires afin de rétablir la situation au plus vite. » La Tabacalera de Garcia emploie 2 000 personnes dont 1 000 torcedores.

Fin novembre, Procigar a annoncé au participants du festival 2026 que la visite de la Tabacalera de Garcia était annulée. Interrogé par L’Amateur, Ricardo Nieto a évoqué « des travaux de construction pour améliorer les installations actuelles » tandis qu’un autre responsable de Tabacalera à Madrid évoquait « des travaux de renovation » d’un bâtiment inauguré en 2022.

 

Photos : La Tabacalera de Garcia en 2024 © Luc Monnet