Fumoirs interdits

Des fumoirs interdits au cigare ?

Par supercigare,
le 17 mai 2018

On connaissait déjà la notion – juridiquement douteuse – de « terrasse non fumeur ». Le ministère de la Santé a même lancé, l’été dernier, un site internet et une application mobile baptisée « Ma terrasse sans tabac », avec l’ambition de recenser « les terrasses qui proposent des espaces totalement ou partiellement libérés de la fumée », selon le communiqué publié à l’époque. Un certain flou juridique règne sur le pouvoir réel d’un établissement à interdire le tabac sur une terrasse ouverte, puisque le bout de trottoir où il est installé n’est pas sa propriété ; c’est une partie du domaine public que lui concède la mairie contre rémunération. D’ailleurs, au vu des chiffres, chacun jugera si l’opération est ou non un succès : un an après sa création, on trouve sur ce site 28 établissements pour Paris (dont certains grands noms comme La Closerie des Lilas) et 75 à l’échelle du pays…

On a vu aussi fleurir la notion, encore plus contestable, de terrasse « fumeur sauf cigare ». C’est parfois écrit en toutes lettres, comme au Café de la Place (23 rue d’Odessa, Paris XIVè). ça peut aussi être pratiqué plus discrètement, comme à La Petite (53 rue Lacépède, Paris Vè) où le gérant, affirmant que nous allions « lui vider sa terrasse », a accepté de renoncer à 4 consommations déjà servies pourvu que nous déguerpissions… pour aller sur le trottoir d’en face.

L’inventivité n’ayant pas de limites, nous sommes tombés récemment sur une nouveauté encore plus aberrante : le « fumoir interdit au cigare ». Cette forme nouvelle d’ostracisme se pratique au restaurant Bambou (2 rue des Jeûneurs, Paris IIè). Sur consigne de la direction, le serveur nous a poliment éconduits, lorsqu’il s’est aperçu que nous nous apprêtions à profiter de son vaste fumoir en dégustant un cigare. Notre Montecristo Edmundo aurait sans doute outrageusement dérangé les fumeurs de Camel ou de Marlboro…

Laurent Mimouni