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Une croissance record pour le marché du cigare premium aux USA !

Par supercigare,
le 30 septembre 2018

En dépit de la menace posée par le renforcement des régulations voulue par la FDA, l’industrie des cigares roulés à la main est en pleine croissance de l’autre côté de l’Atlantique.

Par Guillaume Renouard

Aux États-Unis, le marché du cigare haut de gamme affiche une insolente bonne santé. Les importations de cigares roulés à la main ont connu une forte croissance au premier semestre 2018, confirmant une embellie amorcée en 2018, selon les chiffres de la Cigar Association of America, rapportés par Cigar Aficionado. L’an passé, 330 millions de cigares roulés à la main ont été importés sur le sol américain, chiffre le plus élevé depuis 1998, soit depuis la fin du fameux Cigar boom, terme désignant l’explosion du marché du cigare aux États-Unis dans les années 1990. Pour le premier semestre 2018, 166 millions de cigares hauts de gamme ont été importés, à comparer aux 150 millions du premier semestre 2017. Pour l’heure, l’année 2018 représente donc une hausse d’environ 10% par rapport à l’année précédente, qui s’était déjà avérée excellente. À titre de comparaison, de 1999 à 2011, les importations sont restées bien en dessous de la barre des 300 millions. Elles ont commencé à remonter en 2012, jusqu’à connaître un pic aujourd’hui.

Le Nicaragua caracole en tête

Parmi les pays exportateurs, c’est le Nicaragua qui se trouve en tête. Le pays d’Amérique centrale a exporté 80 millions de cigares aux États-Unis au premier semestre 2018. Viennent ensuite la République dominicaine et le Honduras, avec respectivement 54 et 31 millions de cigares. Rappelons qu’en raison de l’embargo imposé à Cuba, l’importation de cigares cubains est interdite sur le sol américain. Le nombre de cigares exportés par le Nicaragua vers les États-Unis a bondi de 13,5% depuis l’an passé, une performance d’autant plus impressionnante que le pays est depuis le mois d’avril dernier en proie à d’importants troubles politiques, avec grèves à répétition, émeutes et manifestations violentes. Ces turbulences ne semblent pas avoir affecté l’industrie du cigare locale, qui a déjà dû composer avec de sérieuses difficultés par le passé. Jusqu’à l’année 1990, un embargo empêchait l’importation de cigares nicaraguayens aux États-Unis, et la guerre civile opposant les Contras au gouvernement sandiniste, jusqu’au début des années 1990, a causé de nombreuses destructions, handicapant lourdement la production de cigares locale. Ainsi, jusqu’à 1995, le pays exportait moins d’un million de cigares par an aux États-Unis. Depuis, l’industrie du cigare nicaraguayenne a connu une renaissance spectaculaire, et le pays est devenu 3e pays exportateur vers les États-Unis en 2000, puis second en 2013 (derrière la République dominicaine), et, finalement, premier en 2016, place qu’il continue d’occuper depuis.

Une éclaircie dans un contexte législatif morose

Ce dynamisme du marché du cigare haut de gamme américain s’inscrit dans un contexte législatif plutôt difficile. Rappelons que la Food and Drugs Administration (FDA) prévoit d’imposer de nouvelles règlementations aux producteurs de cigares, dont un processus de validation précédant la mise sur le marché de nouveaux produits. Selon plusieurs spécialistes de l’industrie, ce dispositif pourrait gravement nuire aux petits producteurs, faire baisser la diversité de l’offre et tirer les tarifs à la hausse. Les opposants à cette mesure sont déjà parvenus à faire repousser la date d’entrée en vigueur de cette loi. Leur objectif est désormais d’exclure les cigares roulés à la main de ce processus de validation, qui touche également les cigares industriels. En juillet, une mesure de la FDA visant à imposer des messages sanitaires sur les boîtes de cigares, qui devait prendre effet en août, a été temporairement suspendue par décision d’une cour de justice de Washington, une nouvelle accueillie avec soulagement au sein de l’industrie, qui s’inquiétait des coûts supplémentaires que risquait d’entraîner une telle mesure. Mais l’incertitude continue de planer quant à l’exemption des cigares hauts de gamme du processus de validation. Dans ce contexte peu reluisant, la bonne santé du marché a de quoi réchauffer le cœur de nombreux aficionados.