Mai 1968

Mai 1968, des pavés qu’on aime…

Par supercigare,
le 7 mai 2018

En ce mois de mai, voici une sélection d’ouvrages célébrant les 50 ans des événements de Mai 68…

Par Béatrice Sarrot et Agnès Richard

 

 

68, année choc

Patrick Mahé, avant-propos de Serge July, Plon, 336 p., 29,90 €

« Aucune autre expérience collective de la liberté, aucune autre affirmation de la société en tant que telle, aucun soulèvement libérateur n’est venu éclipser ce moment dans les mémoires de ceux qui l’ont vécu. » Serge July fut l’un des protagonistes de Mai 68 dont le cinquantenaire est l’occasion pour lui et pour quelques noms parmi les plus célèbres – Jean-Claude Carrière, Michel Drucker, Jean-Marie Périer, Jean-Claude Killy, Philippe Labro, Irène Frain – de revenir sur cette période et de la resituer dans sa dimension internationale. L’ouvrage vaut également pour la richesse et la qualité de son iconographie : des clichés célèbres signés Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Gilles Caron, John Olson ou Donald McCullin et d’autres inédits réunis par Patrick Mahé (ancien rédacteur en chef de Paris Match). Un livre indispensable pour mieux comprendre Mai 68.

 

Nous sommes tous la pègre

Jean-François Hamel, Les Éditions de Minuit, 144 p., 14,50 €

Le 20 mai 1968, dans les murs de l’annexe Censier, se déroule la réunion fondatrice du Comité d’action étudiants-écrivains. Elle rassemble plus de soixante écrivains, sociologues, journalistes et étudiants. Le Comité se donne pour objectif « de soutenir et d’élargir le mouvement du 22 mars et la lutte entreprise par les ouvriers et les étudiants ». En réalité, l’acte inaugural est antérieur : c’est la « déclaration » publiée par Le Mondele 10 mai et attribuée à Maurice Blanchot. Celui-ci a rejoint l’insurrection et s’y engage pleinement. Pendant toute la durée de vie du Comité, il en sera l’une des plumes actives, s’identifiant aux « provocateurs », aux « émeutiers », répliquant aux déclarations du ministre par un « Nous sommes tous la pègre » et ce, dans l’anonymat le plus complet. En effet, le Comité revendique l’abandon de la dictature de la signature et l’instauration du « communisme d’écriture ». L’année 1969 sera fatale au Comité, laissant Maurice Blanchot à sa radicalité. Jean-François Hamel suit pas à pas le cheminement de l’écrivain pour restituer aux événements de 68 leur spécificité. Un livre concis, essentiel et provocant.

 

Mai 68, l’affiche en héritage

Michel Wlassikoff, Alternatives, 176 p., 30 €

Mai 68 fut aussi une affaire de mots, de slogans et d’affiches. Beaucoup de celles-ci furent imaginées et réalisée dans le cadre de l’atelier créé le 15 mai 1968 à l’École des beaux-arts ou de l’« atelier populaire » fondé aux Arts décoratifs. Ce sont près de deux cents affiches toutes anonymes que donne à voir cette édition enrichie de nouveaux témoignages et d’archives. À découvrir avant que « le poing de non-retour » soit atteint.

 

L’Enragé, les 12 numéros

Collectif, Höebeke, 120 p., 19,90 €

Il a « vu les pavés voler »… et Siné d’aller voir son éditeur Jean-Jacques Pauvert avec lequel, « en quinze jours », il fabrique un journal satirique imprimé par un imprimeur anarchiste, donc non cégétiste. Le premier numéro est sans ambiguïté : « Ce journal est un pavé. Il peut servir de mèche pour cocktail Molotov. Il peut servir de cache-matraque. Il peut servir de mouchoir anti-gaz. Nous serons tous solidaires, et nous le resterons, de tous les enragés du Monde… » L’Enragéest né, il cessera de paraître en novembre 1968 après douze numéros dont certains auront connu des tirages dignes des plus grands magazines de mode. Les éditions Höebeke les ont réunis pour le plus grand plaisir des amateurs.

 


Et aussi…

 

Chris Marker, l’exposition à la Cinémathèque

Du 3 mai au 29 juillet 2018 à la Cinémathèque française, 51, rue de Bercy, 75012 Paris

Rien de très surprenant à ce que la Cinémathèque, centre névralgique de la révolution étudiante, consacre une exposition à Chris Marker, auteur en 1977 du documentaire Le fond de l’air est rouge, consacré à Mai 68. Tour à tour écrivain, photographe, illustrateur, le cinéaste touche-à-tout se dévoile à travers une multitude d’archives et de témoignages de ses proches, dont Agnès Varda ou Costa-Gavras.

Deux bonnes nouvelles, le recueil des textes de Chris Marker (dir. Raymond Bellour, Jean-Michel Frodon, Christine Van Assche) à paraître aux éditions Actes Sud en mars et un catalogue consacré au réalisateur coédité par Actes Sud et la Cinémathèque disponible courant avril.

Plein tarif : 11 €