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Chine : démantèlement d’un vaste réseau de faux cigares

Par La rédaction,
le 26 août 2025

37 000 faux cigares saisis pour une valeur de 700 000 euros, 13 personnes sous les verrous… Un tribunal du Sichuan a jugé cet été l’une des plus grosses affaires de contrefaçon de cigares que la Chine ait connu ces dernières années.

 

L’histoire commence de manière incroyable, en mars 2023, au cours de l’inspection de routine d’un relais-colis du district de Qianwei dans la province du Sichuan (sud) par des agents du bureau local du monopole du tabac (STMA). Leur attention est attirée par un paquet, renvoyé à son expéditeur depuis Hong Kong. Vérification faîte, il contient des Cohiba pour une valeur déclarée ridicule : moins de 50 euros. Une anomalie qui met la puce à l’oreille des agents car, par le passé, du tabac produit localement a pu servir à fabriquer de faux cigares premium.

 

Un appartement de 150 m² transformé en atelier

Les contrôleurs décident de laisser le colis sur place et d’attendre. Rapidement, deux hommes viennent le récupérer. Pris en filature, ils sont vus en train de remettre le paquet à un troisième homme. Réalisant qu’ils sont suivis, ils prennent rapidement la fuite mais le troisième est appréhendé.

Dans son appartement de 150 m², les inspecteurs découvrent deux ouvriers qui posent des fausses bagues Cohiba, Romeo y Julieta, Montecristo ou Davidoff, sur des cigares roulés avec du tabac chinois. Ils mettent aussi la main sur des faux emballages et un stock de 37 000 cigares contrefaits dont la valeur est estimée à 700 000 euros. Un avis de recherche est alors lancé contre les deux fuyards.

Dix jours plus tard, les deux fugitifs se rendent et passent aux aveux : oui, ils ont bien acheté du tabac artisanal auprès de producteurs locaux, en ont fait des cigares qu’ils ont vendu, via TikTok ou WeChat, en les faisant passer pour de vrais cigares haut de gamme. Un business florissant : le mois précédant leur arrestation, près de 800 colis ont été postés.

 

La piste mène les enquêteurs à Guangzhou

L’affaire semble bouclée mais les enquêteurs ne sont pas au bout de leurs surprises. Ils s’aperçoivent que, même après les arrestations et le démantèlement du réseau, des annonces continuent d’être publiées sur les réseaux sociaux. A l’évidence, une autre filière existe. Une nouvelle enquête commence, qui utilise les techniques d’analyse du big data pour disséquer les interrogatoires des suspects appréhendés, les informations données par des clients, les flux sur les réseaux sociaux et les informations des étiquettes d’envois.

L’enquête permet de confirmer l’existence d’une seconde équipe, située à plus de 1 500 km de là, à Guangzhou dans le Guangdong. C’est là que se trouve en fait la tête pensante du réseau. Il y dirige une structure très organisée avec des lieux de production distincts de ceux de vente répartis dans pas moins de cinq provinces.

Si les autorités se félicitent de cette affaire, ils ne cachent pas leur inquiétude face à un phénomène qui grandit. L’enquête menée dans le Sichuan n’est pas un cas isolé : en 2023, une autre affaire, cette fois-ci à Nankin dans le Jiangsu, avait conduit à l’arrestation de 21 personnes, à la saisie de 16 000 cigares contrefaits, de 3 millions de fausses bagues de cigares et de 30 000 boîtes en bois.

 

Régis Besko