Image

Choses vues à Intertabac 2025

Par La rédaction,
le 24 septembre 2025

Dortmund (nord-ouest de l’Allemagne) accueille chaque année le plus grand salon du monde consacré aux produits du tabac. Echos de l’édition 2025.

 

Fuente-Meerapfel, Turrent : l’année des séparations

L’absence des équipes d’Arturo Fuente, consécutive à la rupture des relations commerciales avec la famille Meerapfel, était le sujet de conversation de cette édition 2025. En face du stand Arturo Fuente vide, Jeremiah Meerapfel était, lui, bien présent. Habituellement très en verve, le plus âgé de la fratrie semblait cette année presque abattu lorsque nous sommes passés lui rendre visite. 

Quelques minutes plus tôt – mais tout de même un mois après la lettre de Carlito Fuente -, le communiqué de presse de Jeremiah Meerapfel était tombé dans toutes les boîtes mail, le décrivant comme « déçu et attristé » par cette nouvelle. Il a refusé de nous en dire plus sur les raisons du divorce après 30 années de collaboration entre les deux familles, préférant nous demander notre avis sur… les arrangements d’un disque des Gipsy King qu’il a produit.

Non loin de là, la famille Turrent affichait elle aussi ses divisions au grand jour. En juin dernier, le groupe familial annonçait qu’Alejandro Turrent, qui a incarné la marque mexicaine pendant des années, avait « terminé son mandat » à la tête de l’entreprise. On attend, depuis, des détails sur ses nouvelles responsabilités au sein du groupe familial mais la famille disposait de deux stands distincts et non contigus au salon cette année : l’un siglé Casa Turrent et l’autre Tabacalera Turrent…

Le stand Arturo Fuente est resté vide pendant les trois jours du salon.

Belgique : guerre au cigare

Dès la veille de l’ouverture du salon, Ann-Pascale Mommerency, directrice de la Fédération de fabricants de cigares de Belgique et du Luxembourg (Fécibel), toujours combative mais tout de même un peu sonnée par la succession d’annonces de ces derniers mois, a pu détailler à l’assistance du premier Cigar Culture Summitt l’ampleur de l’offensive anti-tabac menée par le ministre belge de la Santé Frank Vandenbroucke

En moins de deux ans, le monde du cigare en Belgique va devoir encaisser le display ban (interdiction d’exposer les produits du tabac, déjà en vigueur depuis le printemps), le « paquet neutre » (à partir du 1er janvier 2026) et pour finir l’interdiction de fumer en terrasse et la fermeture des fumoirs (au 1er janvier 2027).

Histoire sans doute de ne pas se laisser démoraliser, VCF (Oliva-J. Cortès) avait décidé de brandir le drapeau belge et de crier « Belgium ! Belgium ! » lors de la traditionnelle danse des équipes. Un moment potache qui participe à faire de ce stand l’un des plus animés et les plus chaleureux du salon.

 

Bientôt davantage de Padrón en France ?

Flanqué de son fils et de son neveu, Jorge Padrón nous a reçu quelques minutes pour une discussion informelle sur sa stratégie en France, alors qu’il a changé de distributeur en cours d’année – en se passant, lui aussi, des services de la famille Meerapfel comme il l’avait déjà fait pour l’Allemagne. 

« Tout ce que je vends à l’international, hors États-Unis, je dois le retirer du marché américain. Et c’est une chose à laquelle je dois faire attention car j’ai des amateurs là-bas que je ne veux pas décevoir », nous affirmait-il en 2024 (voir L’Amateur, n° 165). Le constat est toujours valable aujourd’hui, confie-t-il, tout en promettant que les arrivages seront moins sporadiques que par le passé. Pour autant, ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera des Padrón dans toutes les civettes de France. Jorge Padrón se fixe pour objectif d’être présent dans « une trentaine ou une quarantaine » de civettes tout au plus… mais promet aussi qu’une fois cette implantation réalisée il viendra en personne promouvoir sa marque auprès des amateurs français. 

 

On/off

Comme le festival d’Avignon, le salon Intertabac de Dortmund a son « on » et son « off ». Outre les réceptions, cocktails et dîners organisés chaque soir après la fermeture du palais des expositions, une partie du salon se déroule de l’autre côté d’une passerelle piétonnière qui franchit une voie rapide, dans un hôtel où suites et salles de réunion sont réservées par des marques qui ont fait le choix de ne pas avoir de stand. 

Arnold André et STG ont adopté cette façon d’être à Intertabac sans y être depuis plusieurs années. C’était une nouveauté, en revanche, pour Drew Estate, qui a troqué son stand bruyant du Hall 7 contre un salon feutré de l’hôtel Dorint… et dont les équipes déjeunent au Bistro 09 habillé de jaune et de noir, les couleurs de l’institution locale, le Borussia Dortmund. « On travaille beaucoup mieux ainsi, les rendez-vous ne sont pas interrompus par quelqu’un qui passe », confie Glenn Wolfson, PDG de la marque américaine.

 

Un nouvel importateur français très actif

Difficile, pendant cette édition 2025, de ne pas croiser les équipes du nouvel importateur français Volutes et Vitoles, venues se constituer un portefeuille de marques qu’elles proposeront prochainement aux amateurs de l’Hexagone. C’est d’ores et déjà signé avec Karen Berger. 

 

Laurent Mimouni, envoyé spécial à Dortmund (Allemagne)
Photos : © DR