Le trésor interdit des Casas
El Rel del Mundo Elegantes, H. Upmann Connossieur B, Trinidad Trova, Ramón Allones Superiores… Autant de havanes que les amateurs ne pourront pas trouver dans l’Hexagone : ils sont réservés aux boutiques-fumoirs Casa del Habano, un réseau qui se développe partout dans le monde, sauf en France.
Annie Lorenzo
C’est en décembre 1990, à Cancún (Mexique), qu’est née la première Casa del Habano, à l’initiative du distributeur de havanes sur le territoire mexicain. La bonne fortune de cet établissement dédié à la vente des havanes a peu à peu donné aux responsables cubains l’idée de développer un réseau de boutiques franchisées dans le monde. C’est ainsi que de 1995 à 2005, de nombreuses Casas del Habano ont ouvert leurs portes, aussi bien dans les pays traditionnels d’amateurs que dans les pays émergents.
Parallèlement, pendant ces dix années, le concept de ces boutiques s’est précisé et leur cahier des charges s’est affiné : pour avoir droit à l’appellation Casa del Habano, l’établissement doit disposer d’une pièce humidifiée offrant des conditions optimales de conservation, où sont disponibles toutes les marques de havanes distribuées dans le pays, et seulement elles. Il doit également posséder des coffres privatifs où les clients qui le souhaitent peuvent stocker leurs cigares en toute sécurité.
Puis, à partir de 2005, afin de répondre aux lois anti-tabac décrétées par l’Organisation mondiale de la santé, les Casas ont encore dû peaufiner leur règlement. Elles doivent dorénavant inclure un espace fumoir permettant aux amateurs de déguster leurs havanes sur place. Avec une règle de principe : le respect d’une bonne circulation entre les différents espaces, à savoir le comptoir de vente, le fumoir et les coffres.
Privilégiées par La Havane
Ces fumoirs aménagés dans les Casas ont évidemment séduit les amateurs, de plus en plus désireux de disposer d’endroits où fumer. « Finalement, ces lois anti-tabac ont été une opportunité pour nous… », reconnaît non sans humour Néstor Valera Callaba, directeur des enseignes Casa del Habano depuis 2012.
Toutefois, le confort, l’élégance, le fumoir ne sont pas les seuls atouts des Casas del Habano, loin s’en faut. Leur principal intérêt aux yeux des clients est la richesse de leur approvisionnement. En effet, ces boutiques bénéficient souvent d’un traitement de faveur de la part de La Havane et de leur distributeur local. En 2016, alors qu’une succession de mauvaises récoltes avait réduit la quantité de feuilles de cape disponibles, Néstor Valera confiait à L’Amateur de Cigare : « C’est vrai que nous avons connu une année assez difficile et que nous avons manqué de grands formats, même si nous faisons en sorte que les Casas souffrent le moins possible. »
En outre, les enseignes Casa del Habano jouissent d’un privilège jalousé : celui de vendre des vitoles créées spécialement et uniquement pour elles. Afin de conforter toujours davantage ce réseau de boutiques qui disposaient déjà d’accessoires personnalisés (sacs, pochettes, etc.), les responsables de la société cubaine Habanos S.A. ont décidé en 2004 de développer pour elles et elles seules une gamme de havanes. Trois modules de la marque San Cristóbal, qui avait vu le jour quelques années plus tôt, firent alors leur apparition : Muralla, Mercaderes, Oficios. Réservés aux Casas, ils furent fabriqués pendant trois ans (leur production est aujourd’hui arrêtée). Avant que le succès des Éditions limitées et des Éditions régionales ne suscite un nouveau changement de cap : les spécialités Casa del Habano sont désormais produites en éditions limitées, avec une (et parfois deux) nouvelle(s) vitole(s) chaque année. Ce sont des havanes inédits dans une marque, porteurs d’une double bague au logo Casa del Habano, et souvent particulièrement réussis. Les Casas vendent aussi en exclusivité des coffrets de prestige et peuvent bénéficier de la présence de torcedores cubains qui y font la démonstration de leur art du roulage.
L’exception française
La France ne peut pas, en principe, accueillir de Casas del Habano sur son territoire. En effet, notre législation interdit à une civette de ne vendre qu’un produit du tabac aux dépens des autres. Aucun bureau de tabac n’a le droit de vendre exclusivement des havanes, ni même exclusivement des cigares, ce qui rend problématique l’ouverture d’une telle boutique dans l’Hexagone. Autre difficulté, la redevance. Les Casas franchisées doivent s’acquitter d’un droit d’entrée puis d’une contribution sur leur chiffre d’affaires. Pour des civettes françaises, cette redevance viendrait en déduction de leur marge qui est, en net, de 7,64 % du prix public du cigare. Pas très motivant donc, même si la société Habanos S.A. semble disposée à toute négociation. De fait, la plupart des grandes Casas del Habano dans le monde sont ouvertes dans des pays où le prix du cigare est libre, ce qui permet au détaillant d’augmenter à volonté sa marge. Ou, en tout cas, dans des pays où les taxes étant réduites, la marge du détaillant est bien supérieure à celle pratiquée en France.
Depuis deux ans, un nouveau nom, celui de Habano Specialist, désigne des civettes traditionnelles mais réputées pour leur savoir-faire en matière de havanes. Ces lieux, choisis par les distributeurs locaux, ne sont pas des points de vente franchisés, ils ne sont pas tenus de ne vendre que des havanes, ni de disposer d’un fumoir, mais ils doivent remplir des conditions de choix et de conservation similaires à celles d’une Casa. Le label leur permet de disposer de certaines des productions réservées au réseau Casa del Habano. Il y a déjà beaucoup de civettes Habano Specialist en Allemagne par exemple. En France, les premières sont apparues l’an dernier, choisies par la société Coprova, l’importateur des havanes dans l’Hexagone. Il y en a moins d’une dizaine aujourd’hui. Y trouvera-t-on ces fameux havanes ? Rien n’est moins sûr : quand nous avons interrogé la direction de Coprova, il nous a été répondu que « pour le moment, la question n’est pas d’actualité ».
Productions Casa del Habano 2018
(sur le marché dans un an environ)
Hoyo de Monterrey Escogidos, 180 mm × 49 (19,45 mm), double corona
San Cristóbal de La Habana Prado, 127 mm × 50 (19,84 mm), robusto (en vente aussi chez les Habanos Specialists)
Ces deux modules ont été lancés officiellement en octobre à Sofia, en Bulgarie.
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