Vente de cigares aux enchères à Toulouse : que font les Douanes ?
Une collection de cigares récents va être dispersée aux enchères à Toulouse mardi 19 décembre. Interrogées par L’Amateur, les Douanes sont aux abonnés absents. Une première brèche dans le monopole d’Etat de la vente de tabac ?
85 lots de cigares cubains et non-cubains vont être dispersés par Me Marc Labarbe, commissaire-priseur à Toulouse. © DR
Acheter ses cigares aux enchères ? La pratique est courante dans les pays anglo-saxons et au Benelux où il existe même des sites internet spécialisés. Mais elle est rarissime en France. Tout au plus voit-on passer, de temps en temps, et dans des ventes généralistes, quelques boites anciennes perdues au milieu de dizaines d’autres lots ou des humidors vendus en l’état avec ce qu’il reste de leur contenu qui est souvent infumable.
Et pour cause, la vente de tabac en France est un monopole d’Etat strictement réglementé. A tel point que, quand les Douanes vendent aux enchères les objets saisis auprès de criminels, on y trouve de l’alcool, de la maroquinerie de luxe, des bijoux, des voitures de sport… mais jamais de tabac.
Voilà pourquoi la vente organisée ce mardi 19 décembre par une maison de ventes aux enchères toulousaine est inédite dans l’Hexagone. Une collection de cigares, accumulée au cours des 15 dernières années va être dispersée par Me Marc Labarbe. Pas moins de 85 lots sont proposés, dont certaines références apparaissent encore dans la liste officielle des prix réglementés du tabac applicables au 1er janvier prochain. « Toutes ces boîtes appartenaient à un buraliste qui les a collectionnées à titre personnel, mais qui n’était pas fumeur de cigares. Désormais à la retraite, il a décidé de s’en séparer », explique à L’Amateur Me Marc Labarbe. Il s’agit donc, à quelques exceptions près, de boîtes ou de complètes, dont les plus anciennes remontent à 2008 et les plus récentes à 2022.
Silence des douanes
Interrogé sur la légalité de la démarche, compte tenu du monopole sur la vente de tabac, Me Labarbe reste serein : « il s’agit, pour la plupart, de boites anciennes qui ne sont plus disponible dans le commerce et donc des objets de collection », explique-t-il en assurant avoir pris conseil auprès des instances régionales qui chapeautent les activités des commissaires-priseurs judiciaires et maisons de vente volontaires.
L’administration des Douanes, sollicitée à plusieurs reprises par L’Amateur, n’a pas apporté d’éclaircissements aux nombreuses questions légales que pose cette vente, alors même que certaines boites pourraient en théorie être vendues pour une somme supérieure à leur prix réglementé. De même, pour les acheteurs à distance, français ou étranger se posera la question de l’envoi des lots achetés, par la Poste ou un transporteur – pratique en théorie prohibée, sauf pour les distributeurs de tabacs dument agrémentés par les Douanes.
Seule certitude, au moment de la publication de cet article, l’administration des Douanes reste muette aux sollicitations de la presse et n’a pas non plus demandé l’annulation de la vente ou le retrait de certains lots. Tolérance ou négligence, c’est en tous cas une première brèche dans le monopole d’Etat de la vente des cigares…
La part belle aux cigares cubains
Pour ceux qui souhaiteront enchérir, les cigares cubains constituent la majorité des lots (66 sur les 85 proposés) mais on trouve aussi des cigares du Nouveau monde dont des Davidoff, des CAO et des Oliva. Côté prix, l’estimation la plus basse (60 à 80 euros) concerne une boite de dix Juan Lopez Minutos (Edition régionale France 2013). La plus haute estimation revient à une boite de 25 Montecristo Supremos (Edition limitée 2019) qui est proposée entre 1.000 et 2.000 euros. Des prix de départ auxquels viendront s’ajouter des frais d’adjudication de 26,4 %. Si tous les lots partaient à leur prix minimum, la vente pèserait pour un peu plus de 31.000 euros, hors frais.
Pour estimer tous ces lots, Me Labarbe qui avoue ne pas être fumeur de cigare et donc être novice dans ce domaine, explique avoir longuement discuté avec le vendeur et demander conseil à des collectionneurs de cigares, dont Ivo Danoff, président du club Epicure de Toulouse. Il a ensuite, selon les cas, réduit les estimations proposées en fonction de l’état des cigares. « J’ai divisé par deux l’estimation pour les lots où certains cigares était un peu altéré, et par trois s’ils me semblaient beaucoup altérés ». Selon Ivo Danoff, 90 % de la collection environ est en bonne état et seuls quelques cigares ont souffert, parfois à cause d’un excès d’humidité.
La vente sera orchestrée dans un lieu peu habituel : une boite de nuit toulousaine qui appartient à Ivo Danoff. Mais les acheteurs potentiels pourront aussi la suivre sur Internet, donc aussi bien en France qu’à l’étranger. Il leur faudra, dans ce cas, s’inscrire au préalable à la vente via l’un des deux principaux sites de ventes aux enchères en France : Drouot.com et Interencheres.com.
Régis Besko
Vente organisée le mardi 19 décembre à 20 h au Purple, 2 rue Castellane, 31000 Toulouse
https://www.interencheres.com/meubles-objets-art/collection-de-cigares-622994/
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